Les méthodes pour la réalisation d'un potager durable
Installé l’automne, le jardin peut démarrer avec les primeurs printanières dès que le sol est à nu. Installé au printemps, des cultures d’été et d’automne peuvent y être cultivées. Finalement, installé en été il sera possible d’implanter un potager complet pour des cultures d’automne. En bref, il n’y a pas de meilleur moment pour installer un potager qu’aujourd’hui… sauf en hiver!
Que ce soit pour travailler le sol existant ou pour s’en affranchir, Croque Paysage a élaboré quatre grandes méthodes (l’Engagée, la Patiente, la Rusée et l’Affranchie) afin d’installer un potager pour un usage facile et durable. Ces méthodes éliminent à la base deux principaux irritants : le désherbage constant dans les espaces de cultures, ainsi qu’en périphérie de l’aménagement, et l’action du gel/dégel déformant les espaces de culture, apportant inévitablement une restructuration régulière des espaces et perturbant le biologie du sol.
Chaque méthode présente une variable nommée compacte, qui nécessite l’installation d’une barrière de racine dans le sol, ainsi qu’une variable nommée spacieuse, qui demande plus d’espace en incluant l’aménagement d’un sentier autour du potager avec l’installation d’un géotextile tissé en dessous. Le tout pour empêcher les mauvaises herbes d’entrer dans le potager.
Les plans suivants détaillent et illustrent chaque méthode étape par étape, et sont constitués du matériel listé précédemment. Les avantages et inconvénients de chacune sont énumérés afin d’aider à faire un choix éclairé.
Finalement, les méthodes sont illustrées avec des organisations simples constituées de quatre bacs en rotation des cultures. Bien sûr, le potager peut prendre diverses formes, organisations et être beaucoup plus grand, tout en respectant les étapes de réalisation et les principes de construction des méthodes proposées. Aussi, que le potager soit connecté au sol existant ou non, il est bien sûr possible d’augmenter la hauteur des bacs pour plus de confort, en y ajoutant de la terre enrichie.
La méthode engagée
La méthode du travail du sol pour la culture en sol existant.
- Avantages : Connecté au sol existant; Économique et écologique.
- Inconvénients : Physiquement difficile ou cher en main d'oeuvre
- 2 versions (compacte et spacieuse)
La méthode patiente
La méthode de la bâche d'occultation pour la culture en sol existant.
- Avantages : Connecté au sol existant; Économique; Évite les étapes ardues du détourbage et désherbage.
- Inconvénients : Repousse la réalisation du projet en attendant les résultats.
- 2 versions (compacte et spacieuse)
La méthode rusée
La méthode du carton pour potager surélevé connecté au sol existant.
- Avantages : Connecté au sol existant la 2e année; Facile à exécuter sur terrain plat.
- Inconvénients : Plus coûteuse (carton, plus de bacs et de terre à plantation enrichie).
- 2 versions (compacte et spacieuse)
La méthode affranchie
La méthode du potager surélevé affranchi du sol existant.
- Avantages : Permet de cultiver sur un sol impropre à la culture ou trop près des arbres qui coloniseraient le sol des bacs avec leurs racines
- Inconvénients : Coûteux en matériaux et matériel; déconnecté du sol existant; Plus drainant, car surélevé.
- 2 versions (compacte et spacieuse)
Le matériel pour la réalisation d'un potager durable
Le matériel suivant est utilisé dans les méthodes de réalisation développées et préconisées par Croque Paysage depuis maintenant treize ans.
La barrière de racines à la verticale dans le sol
La barrière de racines est un rouleau de plastique épais de 60 cm (24’’) de hauteur, très durable. Installée à la verticale dans le sol, on s’en sert pour régler à la base un problème potentiel de désherbage répétitif. Elle nécessite beaucoup de travail, mais une fois installée, elle empêche toute racine de mauvaises herbes ou d’arbustes de contaminer le potager par voie souterraine. On recommande une barrière de 30 cm (1 pi) de profondeur dans le cas d’une pelouse traditionnelle sans vivaces envahissantes, comme le chiendent, et de 60 cm (2 pi) dans le cas d’arbustes ou de pelouse incluant des vivaces vigoureuses. On reconnaît la vigueur d’une mauvaise herbe vivace herbacée (plante complètement verte ne produisant pas de bois brun) par sa prédominance dans la couverture végétale et par ses racines profondes (jusqu’à 45 cm (18po)) et extensives lorsque l’on fourche le terrain.
Le géotextile tissé au sol sous les sentiers
Si l’espace le permet, le géotextile tissé épais de 150 cm à 180 cm (5-6 pi) ou plus de largeur, plié en deux, est un matériau très durable qui peut être fixé à une bordure et installé sous les sentiers autour du potager. Les racines des plantes limitrophes (pelouse, herbacées vivaces et arbustes) peuvent alors difficilement envahir le potager, sauf s’il s’agit d’arbres ou encore d’arbustes très envahissants tels que le vinaigrier, le framboisier et le mûrier.
Bâche d’occultation (toile plastique noire et blanche imperméable et traitée UV)
Si on veut travailler le sol existant sans avoir à accomplir les étapes éreintantes du détourbage et du désherbage (voir définitions p.), cette toile résistante appliquée sur la surface du sol peut permettre de tuer la végétation existante, par chaleur excessive, manque de lumière et d’eau, et ce sans effort. Selon la végétation en place, cette technique peut par contre prendre une saison complète et même deux.
Lorsque la végétation existante est de type annuelle, un bâchage d’un mois peut en venir à bout. En réalité, une pelouse existante peut contenir toutes sortes de mauvaises herbes aux racines vigoureuses et envahissantes, dont le redoutable chiendent. Il est donc recommandé de laisser la bâche au sol pendant une saison estivale complète et de s’assurer que tout soit éliminé en dessous (incluant les racines).
Le carton
Le carton, récupéré ou acheté en rouleau, peut être utilisé pour la réalisation d’un potager surélevé sans travail du sol. Sous le potager, une superposition de carton étouffe la pelouse existante avant de se décomposer. Les racines des plantes potagères peuvent donc ultérieurement bénéficier du sol existant. Pour cela, il faut idéalement quatre à six couches de carton, en chevauchant de 7.5 cm (3 po) chaque laize et en installant chaque couche de façon perpendiculaire à la précédente. Les cadres de bois d’une hauteur totale minimale de 40 cm (16 po) sont ensuite déposés sur le carton et remplis de bonne terre à plantation, puis le carton des sentiers créés de 7.5 cm (3 po) de paillis de feuillus minimum.
Les cadres potagers
Encadrer les espaces de culture de planches de bois permet de contenir le sol pour empêcher l’effet du gel/dégel de changer leur forme, en plus de permettre d’ajouter aisément des matériaux en surface au fil du temps.
En effet, une belle butte rectangulaire sans structure n’aura plus l’aspect d’un rectangle le printemps suivant, et on aura tendance à vouloir la retravailler. Pour un aménagement durable facile d'entretien et une productivité grandissante au potager grâce à une technique sans travail du sol suite à son implantation, l'utilisation de cadre potager est tout indiqué. En bref, structurer les zones de culture facilite grandement l’entretien et la pérennité du potager.
Que ce soit pour encadrer les parcelles de cultures en plein sol et pour créer un potager surélevé, le cèdre est le bois le plus durable d’Amérique du Nord pour les ouvrages de bois extérieurs, ce sans besoin d’être traité. En effet, il est naturellement très résistant à la pourriture et aux insectes grâce aux huiles qu’il contient. Le cèdre de l’Est (cèdre blanc) est moins coûteux, plus local et plus poreux (bon pour l’oxygénation des racines des plantes) que le cèdre de l’Ouest. La pruche peut aussi être utilisée, mais elle dure moins longtemps et est moins stable que le cèdre. Tous les autres bois accessibles nécessitent d’être traités avec un produit naturel régulièrement et n’auront malgré cela pas la même durabilité. Pour toutes ces raisons, le cèdre est le bois idéal pour la construction d’un potager.
Chez Croque Paysage nous privilégions le cèdre de l’Est pour la création de nos ouvrages de bois extérieurs. Pour les cadres potagers nous optons pour le cèdre non plané (brut) 5 cm x 20 cm (2’’x 8’’). Il est possible de les assembler de façon modulaire afin de surélever le potager si besoin. Dans ce cas, nous recommandons un maximum de 4 cadres de hauteur (80 cm (32 po)). Il faut savoir que plus le potager est surélevé, plus il sera drainant et aura un besoin en eau plus grand. Aussi, on ne veut pas avoir à prendre un escabeau pour pouvoir récolter ses tomates!
Le géotextile feutré
Le géotextile feutré épais et doublé peut aussi être utilisé au fond des bacs de culture surélevés s’il est nécessaire d’affranchir les cultures d’un sol contaminé ou rempli de racines d’arbres.
Le grillage
Installer sous le potager un grillage en acier galvanisé, dont les mailles on 2.5 cm x 2.5 cm (1’’x1’’) maximum, permet d’empêcher les marmottes, taupes et autres mammifères souterrains d’entrer sous les bacs et de manger les légumes par la racine! Si on prévoit d'installer une clôture au pourtour de l’aménagement complet, on peut recouvrir le sol sous les bacs et les sentiers du même grillage et le fixer à la base de la clôture.